Revue de presse – gaz de schiste – 15/07/13

Les récentes déclarations d’Arnaud Montebourg sur les gaz de schiste ont déclenché la surenchère dans les médias.

Avec l’arrivée de Philippe Martin, nouveau ministre de l’Ecologie, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif a jeté un pavé de plus dans la mare, en remettant au cœur de l’actualité le débat autour des gaz de schiste. Ce sujet « écologique », s’il en est un, déchaîne les passions. Chacun y va de sa plume, pour le pire et pour le meilleur. Les articles contradictoires se multiplient.

Fort à propos, Arte a diffusé mardi soir Gasland, un documentaire à charge sur les gaz de schiste aux Etats-Unis. Revoir Gasland sur Arte +7 jusqu’à demain, mardi 16 juillet 2013.

Arnaud Montebourg fait donc appel aux « écologistes responsables » en proposant la création d’une compagnie publique et nationale d’exploitation des gaz de schiste et estime qu’une technologie d’extraction propre pourra faire l’objet de recherche et être ainsi privilégiée. Selon le ministre, cette agence permettrait d’assurer « le financement de la mutation énergétique du pays ». Lire l’article

De l’avis de Jean-Marie Chevalier, professeur émérite à l’Université Paris-Dauphine où il a dirigé le Centre de Géopolitique de l’Energie et des Matières premières sur Marianne.net « actuellement le point de blocage réside dans la rénovation du code minier, qui permettrait de séparer les autorisations d’exploration et d’exploitation ». Et qu’avant de se priver d’une ressource énergétique potentiellement importante, il faut s’assurer des réelles réserves du sous-sol via l’exploration. Puis, si le prix de ces gaz non-conventionnels était estimé inférieur à celui des fournisseurs actuels de la France, le pays aurait tout à y gagner en termes économiques et de négociation. En revanche, il ne faut pas compter sur une baisse des prix à la consommation et sur la réelle opportunité de financement de la transition énergétique grâce à l’exploitation des gaz de schiste.

Audrey Garric sur Le Monde.fr pose la question : « quelles quantités de gaz de schiste dorment réellement sous nos pieds ? ». Bien que les réserves de gaz de schiste soient estimées à 3 900 milliards de m3 en France, rien n’est définitif dans ces chiffres. Car, seuls l’exploration et des tests de production permettent de déterminer à la fois la productivité de chaque puits – sa quantité en hydrocarbures – et le taux de récupération, qui mesure la partie du gisement techniquement extractible. Et, en France, la fracturation hydraulique, seule technique aujourd’hui disponible pour l’exploration et l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, est interdite depuis la loi Jacob du 13 juillet 2011, en raison de risques pour l’environnement, jugés trop élevés.

Mais, les quantités indiquées en France ont d’ores et déjà été minorées par rapport au 5 100 milliards initialement indiquées en 2011 (- 23 %). Et, les premières estimations de la richesse du sous-sol, sont également remises en cause dans d’autres pays. La Pologne, qui s’était lancée dans des forages exploratoires, a vu ses réserves annoncées divisées par 10. Aux Etats-Unis, les prévisions restent incertaines et les coûts d’extraction ajoutés à l’opposition d’une partie de l’opinion entrent également dans la balance contre les gaz de schiste.

De son côté, l’économiste Thomas Porcher conteste l’intérêt économique de l’exploitation des gaz de schiste et fait valoir sa position. Il n’hésite pas, dit-il,  à « répond[re] à toutes les invitations: celles de tous les médias, mais aussi celles des associations et des mairies, de droite comme de gauche. Les lobbys, eux, ne manquent pas une occasion de faire entendre leur voix ».

Toujours est-il que François Hollande a souhaité clore le débat lors de son discours du 14 juillet en indiquant que, lui président, « il n’y aura pas d’exploration du gaz de schiste ».

Reste qu’il y a eu un sacré buzz pendant 36h pour pas grand-chose de neuf finalement… Dixit le blog « A perdre la raison ».

Pour ma part, lorsque l’on parle de transition énergétique, j’entends changement de paradigme, pas seulement un prolongement des choix économiques énergétiques faits jusqu’à présent. Alors, véritable transition ou écran de fumée ?

Au sujet de cette fameuse transition énergétique, un bel article de Médiapart invite à découvrir l’approche de la transition énergétique d’Amory Lovins, physicien, président et directeur scientifique du think tank Rocky Mountain Institute. La transition énergétique serait non seulement au service du business, mais aussi de la démocratie et de la justice sociale. La question de la décentralisation comme facteur de risque concernant la fiabilité du réseau et l’augmentation des prix de l’énergie n’en est plus une dans l’approche d’Amory Lovins. S’il y a un article à lire aujourd’hui, je vous conseille celui-ci. S’il peut sembler utopiste, il a le mérite d’ouvrir des perspectives.

Pour plus d’articles sur les gaz de schiste, 3 scoop-it veillent :

http://www.scoop.it/t/petrole-et-gaz-de-schiste

http://www.scoop.it/t/stop-gaz-de-schiste-rhone-alpes-nord

http://www.scoop.it/t/schiste2

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